Article réservé aux abonnés Le technicolor que la Paramount, après avoir dépensé 700 millions de francs, projette en ce moment sous le titre de la Guerre des mondes réunit à son générique des noms d'illustres inconnus George Pal le producteur, Byron Haskin le réalisateur, Barre Lyndon le scénariste, Gene Barry le jeune premier, Ann Robinson l'héroïne. On cite tout de même un certain H. G. Wells, qui a contribué pas mai à cette anticipation de la science-fiction il y a... un demi-siècle. Mais, pour faire mieux sans doute, on a transplanté en Californie Je cadre du roman et greffé sur sa trame britannique une vague idylle hollywoodienne, avec des professions de foi plus ou moins luthériennes tout au long du parcours. Le scénario de Wells ne paraissait pas mauvais pourtant, même assez avant-garde - enfin... Je suis allé voir le film avec deux " garçonnets " et une J3. A la sortie je pouvais conclure que cette Guerre des mondes captivait les petits et les grands enfants, mais que la génération en marche s'en moquait doucement. Tant pis ! Je le confesse, aux passages les plus spectaculaires j'ai marché. A l'ouverture du premier météore, par exemple quand sa calotte de croûte incandescente se dévisse et que par l'orifice béant, au milieu de vapeurs vertes, le monstre n 1 se déploie avec une gaucherie sinistre et un cliquetis étrange entre ses lentilles ; quand le Rayon ardent fuse en de formidables sifflements pareils à des démarreurs d'avion ; quand le grotesque Marsien, précédé d'une pulsation de génératrice pénètre dans la maison en ruine où s'est caché le couple. Toutes ces images, tout ce bruitage, sont parfaitement rendus, ainsi que la présence impavide des soucoupes sous le bombardement atomique d'une aile volante, la panique de toute la population d'une ville tentaculaire... On a beau se dire que le cinéma nous a déjà montré les enfantillages du Choc des mondes ou du Jour où la Terre s'arrêtera, dont l'Amérique raffole et s'affole depuis la célèbre mystification radio phonique d'Orson Welles ; on a beau se rappeler les monstrueuses machines tripodes de Wells, plus vulnérables mais autrement vivantes, couvrant de leurs bottes de sept lieues métalliques la campagne anglaise, l'intérêt, même dans l'exagération, ne se dément pas ; je l'ai constaté aux murmures étouffés et aux fous rires nerveux de mes voisins. Les préoccupations interplanétaires, beaucoup plus actuelles aujourd'hui qu'à l'époque de Wells, ne sont probablement pas étrangères à cet intérêt. Il vous reste de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés. Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Découvrir les offres multicomptes Parce qu’une autre personne ou vous est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois ordinateur, téléphone ou tablette. Comment ne plus voir ce message ? En cliquant sur » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte. Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ? Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte. Y a-t-il d’autres limites ? Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents. Vous ignorez qui est l’autre personne ? Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.